Bovis déménagement, transport
26/11/2020

REVUE DE PRESSE

Un bel exemple de solidarité auquel s'est joint  Bovis Cote d'Azur en réalisant gratuitement la manutention et l'installation de machines-outils

NICE-MATIN

 

Saint-Martin-Vésubie Belle histoire suite à la Tempête Alex

Par Yann Delanoë Publié le 13/11/2020 

 

«C’était inespéré»: ce menuisier sinistré de Saint-Martin-Vésubie va pouvoir reprendre le travail grâce à une immense générosité

Emilien Farge, jeune artisan de Saint-Martin-Vésubie, avait perdu son atelier, ses outils, ses véhicules. Une extraordinaire solidarité va lui permettre de relancer son activité... «et d’aider le village». Il a tout perdu. Son atelier, ses machines, ses outils, emportés par les flots de la Vésubie lors de la tempête Alex. Tout perdu, sauf l’espoir.

Emilien Farge, jeune menuisier de Saint-Martin-Vésubie, le disait, quelques jours après la tempête, dans nos colonnes: «Saint-Martin-Vésubie existe encore».

La réouverture rapide des routes, l’élan de solidarité qui s’était tout de suite mis en place au village ne lui avaient pas laissé le temps de douter: «On a vu qu’il y avait une vie. L’espoir est revenu». Et la belle initiative d’une association niçoise vient de lui donner raison. Jeudi, il a reçu, de la part de l’Institut Thérapeutique Educatif et Pédagogique (ITEP) La Luerna, de l’Association ADSEA06 à Nice, un don : celui de plusieurs énormes machines-outils qui vont lui permettre de reprendre son activité, à Saint-Martin-Vésubie.

Emilien Farge (2e en partant de la droite) avec ses anges gardiens, lors du démontage des machinesoutils qui lui ont été données par l’ITEP La Luerna de l’ADSEA06 à Nice, et transportée gracieusement par l’entreprise carrossoise Bovis. Photo DR

 

Des machines outils…

«C’était inespéré» raconte Emilien Farge. Lui qui souhaite reprendre au plus vite son activité au village. Pour ses clients, «qui sont en majorité à Saint-Martin-Vésubie, et autour». Mais aussi, surtout, «pour aider les autres», comme «le maçon, à côté, qui doit reconstruire un abri pour ses véhicules…» Et parce qu’il veut participer à la reconstruction d u village: «Les assureurs commencent à me demander des devis… Il va falloir que je sois opérationnel rapidement. Du boulot, il y en a».

Alors qu’il cherchait à racheter des machines «parce que j’avais bien compris qu’en termes de délais et de valeur de matériel couvert par les assurances, il valait mieux que je retourne voir les banques pour refaire un crédit», un de ses fournisseurs niçois en matériaux de finition bois, lui file un bon tuyau.

Il lui apprend que l’ITEP la Luerna, qui ferme son atelier bois (lire notre encadré) vend ses machines à bon prix. «J’ai contacté le responsable de l’atelier, je me rappelle, un dimanche. Je lui ai expliqué la situation. On s’est donné rendez-vous sur place dès le lendemain à 9 heures du matin. Il m’a montré toutes les machines et au moment de me rappeler le prix, il m’a annoncé que pour moi, c’était gratuit. Pas moins de 6 machines, d’atelier, c’est-à-dire un atelier entier… Je n’en revenais pas, j’avais la gorge serrée… se souvient Emilien Farge. Ça fait du bien de voir une telle solidarité». ...

...et un local...

Une solidarité qui avait déjà commencé au village de Saint-Martin-Vésubie: le propriétaire d’une ancienne serrurerie désaffectée lui a proposé, à titre gracieux, son local, pour pouvoir y réinstaller son activité. «Je n’ai plus qu’à le préparer, à refaire l’électricité… Grâce à lui, je vais pouvoir travailler au village, m’y relancer. C’était mon souhait le plus cher…» Les machines ont été enlevées mercredi 4 novembre de la Luerna à Nice.

Là encore, la solidarité a joué. Car outre le démontage pour lequel Emilien a été très épaulé, il a fallu transférer ces machines de plusieurs tonnes. Et c’est un spécialiste du déménagement administratif et industriel, du transfert et de la manutention, l’entreprise Bovis basée à Carros, qui, contactée par le jeune menuisier, a accepté de s’en occuper… là aussi gracieusement. «Non seulement ils ont enlevé les machines pour les stocker à Carros, mais en plus ils les monteront à Saint-Martin- Vésubie ce samedi 14 novembre… Car je ne pouvais pas encore les installer dans mon local, que je suis en train de préparer!» Grâce à toute cette solidarité, à son optimisme aussi, il pense «pouvoir retravailler dans moins d’un mois…»

 

«Ce qu’on m’a donné, je veux le rendre…»

Et de penser aux autres: «Mon atelier n’est qu’un de ceux qui ont été emportés. Sur quatre ateliers, trois ont été détruits et le quatrième inondé. J’ai d’ailleurs proposé à deux frères qui ont perdu leur atelier, qui ne sont pas très loin de la retraite, de travailler ensemble, dans l’atelier que j’aurai remonté… Parce qu’à leur âge, quand on a perdu le fruit de toute une carrière, à quelques années de la retraite… Ce n’est pas pareil. On va trouver des solutions…» Il doit encore racheter des véhicules, et se refaire du stock. Dans des conditions pas faciles: «La scierie a été emportée… Et on ne peut plus faire monter du bois par camions depuis Carros, comme on le faisait… On descendra en chercher avec des véhicules plus légers… Mais c’est là que je veux être…» dit-il, sans en avoir jamais douté.

«Juste après la catastrophe on s’est demandé, avec ma femme et nos enfants… Qu’est-ce qu’on fait? On n’a pas douté de la réponse, pour une seule raison : en allant discuter sur la place, avec les autres, l’évidence nous est apparue. “Tu restes toi? Oui? Alors si tu restes, je reste…” C’est ce qui s’est passé. Et on a fait attention les uns aux autres, on s’est entraidés… Tout ce qu’on est en train de me donner, je veux le rendre, d’une manière ou d’une autre…»

 

Le beau geste de l’ADSEA06, qui a fait don de 6 machines d’atelier

L’Institut Thérapeutique Educatif et Pédagogique (ITEP) La Luerna, de l’Association ADSEA06, situé à la Lanterne à Nice, est une structure qui reçoit des jeunes en difficulté psychologique et qui ont des troubles du comportement, qui perturbent leur socialisation et l’accès aux apprentissages.

«Nous avons notamment des ateliers professionnels avec des éducateurs techniques, pour les accompagner vers l’employabilité, expose Ouarda Liautaud, directrice du champ social soin de l’ADSEA06. Entre autres ateliers, nous avions un atelier bois... Or il se trouve que notre éducateur technique menuisier prend sa retraite. Et qu’il est difficile de faire vivre cet atelier, avec des machines qui sont dangereuses, sachant que nous recevons des jeunes de plus en plus en difficulté, dont les pathologies sont de plus en plus lourdes...» Le choix avait donc été fait de vendre ces machines.

Mais quand la tempête Alex a frappé, Ouarda Liautaud a eu vent de la situation d’Emilien Farge grâce à l’éducateur technique menuisier de l’établissement. «Le prix de ces machines est amorti depuis longtemps. Face à la détresse des sinistrés des vallées, face à la situation de cet entrepreneur, le don de ces machines nous est apparu comme une évidence...»

Une démarche qui a du sens pour l’ITEP La Luerna: «Pour nous, en tant que structure éducative, thérapeutique et pédagogique, ça permet de démontrer de manière pratique à nos jeunes que la solidarité, ça existe, que ça peut même permettre à quelqu’un de rebondir dans sa vie... Le but, ce sera aussi, quand il sera bien installé, d’aller le voir avec nos jeunes. Qu’ils le voient travailler, découvrent son métier... De garder ce lien de solidarité, et d’entraide...»